Du nom scientifique: Stizostedion lucioperca
Assez récemment introduit dans nos eaux, ce poisson n’y connaît pas une foule de noms vernaculaires, comme c’est le cas selon les régions pour la plupart des espèces indigènes de notre faune pisciaire. Au début de son introduction, il était quelquefois dénommé brochet-perche, car les pêcheurs croyaient qu’il provenait du croisement de ces deux espèces. En fait, comme la perche, le sandre appartient à la famille des percidés, dont il possède tous les attributs. Des écailles fortes et râpeuses, deux nageoires dorsales bien distinctes, dont la première est épineuse et des opercules coupants sur leur bord inférieur et présentant deux fortes épines acérées.
Table des matières
Un carnassier à l’oeil vitreux
A l’observation, la tête est plutôt fine et longue, la gueule bien fendue, mais ce qui frappe immédiatement est son oeil, qui est grand, globuleux, vitreux comme celui d’un poisson mort depuis longtemps. La livrée du sandre varie comme bien souvent chez les poissons d’un milieu à un autre. En règle générale, le dos est gris verdâtre avec des rayures ou marbrures plus foncées. Les flancs sont plus clairs, gris argenté sale et le ventre est blanc.
Répartition zoo-géographique
Souvent considéré comme originaire du bassin du Danube, le sandre possède en fait une zone d’extension naturelle beaucoup plus vaste qui recoupe tous les grands bassins fluviaux à l’ouest de l’Oural.
A partir de 1880, le sandre fut introduit par les Allemands dans le bassin du Rhin et de là gagna le Rhône, puis la plupart de nos grands fleuves. Comme biotopes, le sandre aime les grandes rivières de plaine, larges et profondes, qui coulent lentement sur des fonds de sable ou graviers.
De ce point de vue, nos grands fleuves comme la Loire, la Seine, le Rhône à l’aval de Lyon, la Garonne et beaucoup d’autres de nos cours d’eau étaient parfaits pour lui. Nos grandes ballastières lui conviennent également parfaitement de par la nature de leurs fonds, leur profil de berges généralement abrupt et l’absence de courant.
Le comportement alimentaire
Les sandres adultes sont essentiellement ichtyophages mais, contrairement au brochet, se spécialisent dans la prise de petits poissons. Leurs proies préférées sont les goujons, les ablettes et les gardons. Dans nos grands fleuves, les écrevisses américains, surtout quand elles sont abondantes, comme la Seine, entrent pour une bonne part dans leur régime alimentaire.
Comme la perche et la plupart des percidées, les sandres chassent en bandes et sont d’autant plus nombreux qu’ils sont plus jeunes. La particularité de leur rétine leur permet de chasser à vue dans les profondeurs des fleuves ou des lacs de barrage, même par une faible luminosité.
Le frai
Entre avril et mai dans nos eaux, en fait dès que la température avoisine les 12°C, le mâle prépare un véritable nid en nettoyant un emplacement d’environ 50cm de diamètre sur un fond de sable ou de gravier. Il fait véritablement le ménage, élimine toute trace de vase et n’est satisfait que quand apparaissent les racines ou rhizomes des plantes aquatiques. La femelle dépose alors ses oeufs par petits paquets à même le fond et le mâle les féconde aussitôt. Ce dernier va ensuite mener une garde farouche sur la frayère et empêcher tous les pillards de venir dévorer les oeufs, en même temps qu’à grands coups de nageoires, il nettoiera les oeufs, les oxygénera et empêchera qu’ils ne soient, dans les eaux chargées en sédiments, asphyxiés par les dépôts de limon.
La pêche au vif et au mort posé, à la plombée
Vous mettrez ici à profit les techniques fines de pêche à l’anglaise pour solliciter, aux appâts naturels, les poissons méfiants car éduqués.
Au petit vif, à l’anglaise
Les carnassiers ont appris à se méfier des montages rustiques parfois encore en vogue de nos jours, mais dont l’efficacité est discutable. Il existe pourtant des outils fiables, performants et pratiques qui facilitent la vie et permettent d’affiner les techniques et les montages. Alors, pourquoi s’en priver? Le matériel conçu pour la pêche à l’anglaise par exemple répond aux contraintes de la pêche moderne. Outre l’avantage de pratiquer une pêche à distance, la finesse des montages vous assure une qualité de présentation souvent décisive face à des poissons éduqués. Vous pouvez procéder au vif, à la ligne flottante équipée d’un flotteur anglais type Waggler. Dans ce cas, la construction de la ligne doit retenir toute votre attention. Vous apporterez notamment le plus grand soin à la confection de la plombée et à sa répartition. Elle doit être impérativement étalée et de préférence logarithmique (diamètre des plombs décroissant du flotteur vers l’hameçon) de manière à limiter les risques d’emmêlement lors des lancers. Loin d’être statique, cette pêche requiert au contraire une attention de tous les instants.
Vous prospectez différents niveaux mais aussi plus ou moins loin des berges. C’est en procédant ainsi par tâtonnements que vous finirez par identifier les niveaux occupés par les poissons mordeurs.
Au mort posé, à la plombée
Vous pouvez aussi opérer au vif ou au mort posé avec le même matériel, à savoir une puissante canne anglaise longue de 3,9m à 4,2m, mais la plombée cette fois, de manière à immobiliser votre appât sur le fond. Dans ce cas, optez pour les montages fins adaptés aux carnassiers taillons comportant une plombée en dérivation fixée sur son anti-tangle (évite les emmêlements) qui vous permettent notamment de pêcher au minivif. Vous privilégierez ainsi discrétion et qualité de présentation, gage de succès dans nos eaux soumises à une pression de pêche devenue parfois très forte. De petits poissons morts (gardonneaux, ablettes) présentés ainsi en profondeur peuvent rapporter de très belles pièces lorsque les sandres se livrent à leurs carnages, puis viennent cueillir leurs proies assommées gisant sur le fond.
La pêche au sandre façon carpiste
Rien ne vous empêche d’opter pour un matériel hautement sophistiqué que vous pouvez emprunter aux carpistes, tel que le Rod pod. Equipé d’indicateurs de touche électroniques, ce support permet de détecter les touches très discrètes de sandres chipoteurs. Surtout, vous pouvez y déposer plusieurs cannes en batterie, chacune pêchant à une distance différente de la berge. L’outil vous évite de laisser traîner n’importe où votre matériel. Il offre une vraie garantie de sécurité et de longévité pour vos précieuses cannes, ainsi que l’assurance d’une certaine rapidité d’intervention au moindre départ. De plus, il évite les cafouillages à la touche et l’emmêlement des trois lignes tendues quand un grand poisson se saisit d’un vif, puis tracte le fil en diagonale !
La pêche au mort manié
Cette technique a été inventé dans les année 1960 pour la pêche du sandre par Albert Drachkovitch. Elle est inséparable de la monture du même nom.
Un mouvement de bascule vers le fond
C’est il y a déjà plus d’un demi siècle qu’Albert Drachkovitch mit au point cette technique pour la pêche des sandres nouvellement introduits dans nos eaux à l’époque et inventa la monture qui porte son nom. L’originalité de la monture Drachko tient essentiellement à l’articulation du plombage en tête responsable du mouvement de bascule sur le fond du poisson mort au moindre relâcher.
Il semble bien que ce soit un mouvement qui déclenche l’attaque des poissons carnassiers en général et du sandre en particulier. Le petit nuage de sable ou de limon soulevé par l’appât ou encore le bruit du plomb sur les cailloux du fond interviennent certainement eux aussi dans le déclenchement de la séquence finale de l’attaque. Mais cette monture présente bien d’autres avantages: le fil de cuivre ou de laiton que l’on entoure autour du nez du poissonnet maintient celui-ci, même au cours des lancers les plus appuyés. Il suffit de quelques secondes pour que l’appât soit ainsi solidement arrimé sur la monture.
Faire varier le poids de la chevrotine
Le pêcheur peut tout aussi rapidement faire varier le poids de la chevrotine en fonction de la profondeur ou de la vitesse du courant. Au ferrage, les deux triples qui arment la monture sont bien dégagés et ne pardonnent généralement pas. Enfin, contrairement à pas mal d’autres montures du commerce, la Drachko est très facile à bricoler à partir d’une corde à piano, de fil de laiton recuit et de quelques triples. D’un coût très modeste, elle permet de pêcher les endroits encombrés, sans trop appréhender les risques d’accrochage.
L’idéal pour s’initier à la pêche au poisson mort manié est de faire au cours des premiers essais abstraction du facteur “courant” en s’entraînant dans une ballastière au fond propre et régulier de 3 ou 4m de profondeur. Le poisson mort est lancé par dessus la tête à une vingtaine de mètres du bord, la canne est maintenue en position haute et le pick-up du moulinet ouvert. Dès que l’appât à touché l’eau et pendant toute la phase de descente vers le fond, le pêcheur doit concentrer toute son attention sur le point d’entrée du fil dans l’eau. Le moment précis où le poisson mort atterrit sur le fond se traduit en surface par petit décrochement de la ligne suivit d’un net relâchement de la bannière qui se détend. Il est quelquefois possible de ressentir dans la main qui teint la canne le choc de la plombée sur le sable ou les cailloux, mais le contrôle visuel est de loin le plus sûr et le plus facile à acquérir. D’où l’importance d’utiliser pour cette pêche un nylon fluo.
Surveiller le point d’entrée du fil dans l’eau
A partir de ce moment, le pêcheur doit instantanément rattraper le mou de la bannière, en récupérant suffisamment de ligne pour rétablir un contact direct avec son appât, contact qu’il ne devra plus perdre au cours de la récupération.
Comme au brochet, sur un fil tendu, la touche sera perçue comme un choc brutal ou au contraire très discret, une tirée molle ou une simple pichenette aussitôt évanouie. Lors des relâcher, sur un fil détendu, c’est le suivi visuel de la ligne à son point de pénétration qui vous renseignera sur le coup de mâchoires de sandre. Un déplacement latéral de la ligne , une brusque accélération de sa plongée, quelquefois une simple hésitation du fil en surface et vous devrez ferrer dans le dixième de seconde. A la moindre sensation anormale, le sandre aura recraché et vous ne récupérerez qu’un poissonnet coupé, meurtri ou simplement marqué par les canines.
La pêche au toc et à la tirette
Face à des carnassiers de plus en plus éduqués, les techniques fines font souvent la différence. Tirette et toc, une technique moins connue mais efficace, vous garantissent une qualité de présentation qui fait souvent la différence.
Dès l’arrivée des beaux jours, les sandres rejoignent toutes les zones bien brassées , courants, aval des déversoirs, partout où l’eau s’enrichit en oxygène. Le soir venu, ils s’aventurent au ras des berges où ils poussent le menu fretin, n’hésitant pas à s’engager dans moins de 1 mètre d’eau. Comme les pêcheurs de truites, rien ne vous empêche alors de pratiquer une pêche encore plus technique, plus subtile, en dérive naturelle comme la préconise le spécialiste de la truite aux appâts vivants Pierre Sempé. L’une des première difficulté est de bien doser le plombage pour que l’appât dérive naturellement dans le courant, à la vitesse requise ( celle du courant) et dans la bonne veine d’eau.
La construction de la ligne est donc de première importance , tout l’art de cette pêche consistant d’abord à faire le calcul juste de la plombée, qui doit permettre au vif de dériver aussi naturellement que possible et de se présenter avant les plombs.
D’une manière générale, la plombée est progressive, logarithmique, plus ou moins lourde, souple et étalée selon les circonstances. En guise d’appât, vous utiliserez un vif à l’écaillure de préférence brillante, qui résiste bien aux coulées successives tout en demeurant suffisamment remuant. Un goujon par exemple, ou encore un petit chevaine conviennent parfaitement à cet usage.
La tirette
Cette technique , qui utilise un leurre souple, un vif ou un poisson mort, est très efficace pour solliciter les poissons difficiles. Le montage, très dépouillé, comporte une olive de 6 à 10g qui vient buter sur un microémerillon intercalé entre la bannière et le bas de ligne long d’une trentaine de centimètres. Au bout, un hameçon simple, par exemple, dont la pointe est passée dans la narine d’un petit vif à l’écaillure brillante. Il vous suffit de ramener très doucement ce montage sur le fond, dont la finesse vous promet une qualité de présentation inégalable.
La pêche aux poissons nageurs
De très nombreux pêcheurs de sandres n’ont plus aujourd’hui que la verticale en tête. Parallèlement à cette seconde révolution du leurre souple qui efface parfois-à tort- le mort manié, le poisson nageur fait figure de parent pauvre. Le sandre y demeure pourtant très réceptif.
Le poisson nageur ne suscite pas l’intérêt qu’il mérite auprès des pêcheurs de sandres. Sûrement parce que nous sommes encore une fois victimes d’idées reçues, notamment celle soutenant que le sandre ne se nourrit qu’en profondeur et qu’il ne s’intéresse qu’aux leurres animés lentement sur un plan vertical.
Heureusement qu’il se trouve toujours quelques esprits avisés pour récuser de simples principes érigés en dogmes. Partons d’un constat simple établi en lac de barrage. Quand la température de l’eau est suffisamment élevée (12 à 15°C), à partir d’avril-mai et ce jusqu’à septembre, les cyprins, qui entrent pour une part essentielle dans le menu journalier du sandre se mettent en mouvement.
Le poisson-fourrage rejoint les affluents pour s’y reproduire. Les sandres, qui suivent naturellement leurs proies dans ces déplacements saisonniers, viennent alors chasser sur les bordures et les hauts fonds. C’est là que vous les solliciterez au poisson nageur, un leurre qui se prête bien à des prospections à la fois méthodiques et rapides en eau peu profonde. Pour exploiter ces petits fonds, vous utiliserez avantageusement un classique jerk bait long de 8/10cm à courte bavette dont la profondeur de nage est comprise en 1 à 2m.
Des suspenders entre deux eaux
A partir du milieu du printemps, les sandres sont souvent “suspendus” à des niveaux intermédiaires. Immobiles, ils surveillent attentivement les mouvements du poisson-fourrage qui patrouille dans les zones superficielles. On ne pense jamais à solliciter ces carnassiers, parfois calé juste sous la surface et en plein milieu du lac, bien loin des bordures qui retiennent habituellement notre attention.
Les modèles suspenders apportent une réponse adaptée à ce cas de figure, mais aussi les poissons nageurs coulants, à vitesse d’immersion lente, qui permettent d’exploiter méthodiquement tous les étages de la colonne d’eau.
La pêche au leurre souple
La plupart des techniques modernes de pêche au lancer vouées au sandre utilisent des leurres souples. Notamment la verticale, technique qui à le vent en poupe aujourd’hui. Drop shot, jig ou Finesse comptent parmi les stratégies les plus prisées.
La verticale
Cette technique ouvre des horizons particulièrement prometteurs en eau profonde. Si son efficacité est incomparable sur les fonds propres, vous tirerez en revanche mieux votre épingle du jeu en opérant au jig sur les substrats très accidentés. En verticale, vous utilisez généralement une tête plombée de type stand-up (plomb sabot), pesant entre 10 et 28g. Les leurres sont le plus souvent des shads longs de 4 pouces mais aussi parfois des slugs. Tous ces leurres doivent offrir un bon compromis entre une souplesse suffisante pour répondre à la moindre sollicitation, mais avoir aussi l’épaisseur et la rigidité requises pour recevoir l’armement adapté. Ce dernier comporte obligatoirement un triple voleur fixé en fin de queue du leurre.
Le choix des couleurs est important. Par temps clair et eaux transparentes, les tonalités bleutées, blanches, argentées ou translucides, pailletées ou non, sont intéressantes. Par temps sombre et dans eaux troubles en revanche, mieux vaut les vifs contrastes de couleurs: dos noir sur flancs orange foncé ou orange pailleté par exemple.
Le Fire Tiger est excellent. L’usage de la tresse n’est pas recommandé : il est indispensable pour une bonne perception des touches souvent très fugaces. Pour bien se tenir à la verticale, il vous faut une tresse fine, qui fend parfaitement l’eau, d’un diamètre compris entre le 8 et le 12/100ème.
Les vrais spécialistes n’hésitant pas à descendre en dessous (5/100ème) quand ils recherchent des poissons tatillons en eau claire ou pour compenser une dérive importante. Quand les poissons sont inactifs, vous exercerez des animations verticales minimalistes, de faible amplitude. Vous soulèverez votre leurre d’une dizaine de centimètres pendant deux à trois secondes, avant de raccompagner très lentement sa descente. La touche se produit souvent à ce moment précis, durant le relâché.
Le jig dans les grands fonds
Poissons lucifuges, les sandres se tiennent volontiers calés à grande profondeur. Comme tous les percidés, ils apprécient tous les endroits encombrés d’obstacles. Le jig constitue souvent votre ultime recours pour prospecter tous les secteurs qui dissimulent les plus beaux spécimens. Son système anti-accroc ou balai fait merveille parmi les obstacles et les enrochements du fond. Le leurre se prête à des prospections lentes, d’une précision quasi chirurgicale, bien adaptées lente et précise, s’apparente à une forme de dandine verticale de courte amplitude, conférée à l’aplomb du scion.
Le drop shot
Au pied des tombants, quand le comportement de poisson peu actifs requiert des animations minimalistes, seul le drop shot vous tirera d’embarras. Le lest est attaché en bout de bannière, tandis que l’hameçon armant le leurre est directement relié au corps de ligne ( en fluorocarbone pour éviter la coupure du fil) par un noeud du pendu. L’astuce vous permet de vous trouver en contact direct avec le poisson à la touche, donc mieux percevoir des attaques souvent discrètes et de ferrer à bon escient.
En guise de leurre, vous utiliserez pour le sandre une imitation réaliste d’alevin très mobile, que vous animerez verticalement sur le fond, en le laissant descendre jusqu’au ramollissement significatif de la bannière, avant de retendre doucement la ligne.
L’utilisation d’un sondeur
Dans cette pêche, l’usage d’un sondeur est indispensable. L’appareil aide à repérer les poissons, mais surtout localiser les cassures et autres accidents de reliefs qui indiquent les tenues potentielles des carnassiers. Pour gagner du temps, mieux vaut l’utiliser en mode automatique, en fonction du zoom 2x à partir de 7, 8mètres et zoom 4x au delà de 15, 20 mètres, cette fonction paraissant inutile sous 5 mètres.
Source: Pierre Affre & Pascal Durantel
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