Du nom scientifique: Perca fluviatilis
Aristote ne semble pas avoir connu la perche de rivière car, dans son Histoire des animaux qui date du IVe siècle avant l’air chrétienne, il ne décrit que des “perches” de mer (loups, mérous, serrans…) que les Grecs et par la suite les Romains tenaient en grande estime culinaire. Les naturalistes du Moyen-Age n’en font pas mention et il faudra attendre l’époque de la renaissance avec Rondelet en 1558, pour trouver la première description sérieuse de Perca fluviatilis.
Table des matières
Le poisson le plus coloré de nos eaux douces
La perche est un splendide poisson très coloré, au corps ovalaire comprimé latéralement, au dos vert plus ou moins foncé et aux flancs striés de cinq bandes verticales sombre, d’où le nom de “zébrée” qui lui est quelquefois donné. Le ventre est blanc nacré et les nageoires ventrales, anale et caudale sont vermillon.
La perche est commune dans la plupart des eaux douces de notre pays, pourvu que le courant soit faible et modéré. Il n’y a guère que dans des eaux torrentueuses et froides de certaines rivières à truites qu’elle ne se plaît pas. Depuis le niveau de la mer, jusqu’à une altitude d’environ 1000m, on la trouve aussi bien dans d’immenses lacs aux eaux pures comme le Léman que dans les étangs ou les mares aux eaux boueuses, dans les ballastières, les petites rivières ou ruisseaux de la plaine comme dans les plus grands fleuves. Elle est encore aujourd’hui le carnassier le plus représenté et abondant dans nos eaux.
En rivière, les perches se tiennent à l’abri du courant
Elles aiment les berges à pic, anfractuosités encombrées encombrées d’herbiers en été ou de bois mort en hiver. Les perrés, les remous des barrages, les vannages de moulin, les piles de pont qui cassent le courant sont autant de bons postes. En étang, c’est au voisinages de la bonde, le long de la digue (toujours les “à-pics”), que nous les trouverons. Ne les cherchez pas, sauf les perchettes de l’année, sur les bordures en pente douce. En règle générale, les eaux libres ne leur conviennent pas, il leur faut des obstacles pour s’embusquer et marauder.
Les perches aiment le bois, partout où vous trouverez du bois immergé, pilotis de ponton, embarcadère, vieille barque coulée, arbre immergé, vieille souche ou amas de racines, vous trouverez des perches.
Contrairement à la truite ou au brochet, la perche aime la compagnie. Elle vit, elle chasse, se déplace avec ses congénères de même taille, formant des bancs plus ou moins importants selon la taille et l’âge des sujets. Seules les très grosses sont solitaires, quand tous les autres membres du clan auront disparu. Alors que le brochet chasse à l’affût, les perches, comme des chiens de meute, chassent “à courre”, poursuivant les infortunés petits poissons jusqu’à l’hallali final.
Le comportement alimentaire
Très voraces les perchettes, nées au début du printemps, se nourrissent surtout de zooplancton, de gammare, de vers et de larves d’insectes. En été, ce seront surtout les alevins de cyprinidés, nés quelques mois après elles, qui feront les frais de leur insatiable fringale. Les adultes continuent de se nourrir d’invertébrés et chassent activement les petits poissons (vairons, goujons, gardonneaux, ablettes…). Les grosses perches raffolent des écrevisses.
Le frai
La reproduction a lieu sous nos climats entre mars et avril, dès que l’eau atteint une température de 13 ou 14°C. Les oeufs (trois cent mille kilo par femelle) sont pondus en longs cordons gélatineux, qui telles des guirlandes, sont accrochés aux herbiers ou sur des branches ou des racines immergées.
La pêche aux appâts vivants
La méthode paraît sans doute rustique, voire dépassée, aux yeux des aficionados du leurre. Pourtant, en de nombreuses circonstances, son efficacité est inégalable.
Une perche résiste rarement à une bestiole bien présentée qui gigote devant son nez. Loin d’être statique, cette pêche, qui se pratique à rôder de la perche aux appâts vivants, est une école d’observation, où la réussite requiert une bonne connaissance des postes et des habitudes de poissons.
Les cannes téléréglables modernes, notamment les dernières créations proposées chez Garbolino, légères et parfaitement équilibrées, conviennent idéalement à cette pratique itinérante. Vous pouvez aussi opérer à la longue coulée en grande rivière, à l’aide d’une canne anglaise longue de 3,90m.
En ce qui concerne le choix de l’appât, la petite bête demeure une valeur sûre et incontournable. Il s’agit de la larve du grand éphémère ou mouche de mai, eschée sur un hameçon fin, au niveau du dernier segment de la queue afin de la léser le moins possible et qu’elle reste vivant et frétillante. Cet organisme limnophile est récolté en tamisant le sable grossier des rives, puis conservé une semaine au réfrigérateur dans une boîte de bois garnie de mousse humide. Parmi les autres valeurs sûres, il y a bien sûr les petits vifs (ables, petits chevaines, ablettes, gardonneaux…), qui figurent parmi les meilleurs appâts durant tout l’été et à l’automne, ou encore les vers de terreau ou vers de berge, dans les eaux teintées notamment.
La pêche au vif
Dans les eaux chaudes de l’été, les perches réduisent leur activité. En réponse à ce nouveau comportement, vous opterez pour la pêche dite Finesse, reine des nouvelles techniques pour solliciter la belle zébrée.
Cette logique de finesse, de réalisme et de discrétion s’impose en période estivale face à des poissons incommodés par les hautes températures, qui sont devenus très sélectifs dans le choix de leurs proies.
Un montage très discret
Bien plus que ses qualités vibratoires, l’aptitude du leurre utilisé en Finesse à être animé sur la place ou à faible allure de même que le réalisme de la silhouette sont des éléments à prendre en compte pour solliciter des perches peu actives, embousquées au milieu des obstacles. Ce montage très dépouillé, qui ne comporte pas de lest, est très discret. L’absence de plomb facilite l’engamage du leurre par le prédateur, qui ne ressent aucune inertie à l’attaque et confère à l’alevin de plastique une nage parfaitement naturelle.
Une animation minimaliste
Les utilisations du montage Finesse sont toutes restrictives : elles se limitent à la propection des couches superficielles. Cela dit, vous constaterez à l’usage que les perches n’hésitent pas à quitter les profondeurs pour venir cueillir le poissonnet en surface, pour peu que vous imprimiez l’animation appropriée. Une animation minimaliste , qui consiste à laisser couler doucement le leurre, en exerçant juste de très légères tirées pour le faire basculer d’un flanc sur l’autre. En cas d’insuccès, alternez ces mouvements lents avec des écarts brusques et imprévisibles.
Les bons hameçons pour une plus grande discrétion
Vous utiliserez des hameçons à hampe courte et ronde n°6 à 10 selon la taille de votre leurre souple. L’armement enfilé dans le nez du poissonnet en plastique, doit être discret pour ne pas entraver la nage naturelle du leurre. La nécessité d’opérer dans le périmètre immédiat des postes d’affût ou de repos des perches ainsi que la transparence des eaux impliquent d’ailleurs de se montrer aussi très discret dans l’approche des postes. Prenez garde aux ombres portées, aux mouvements brusques, aux clapotis renvoyés par l’embarcation, aux bruits générés par les déplacements à bord ou sur les berges.
La pêche au plomb palette
Cet accessoire vieux comme le monde est incroyablement efficace pour solliciter la perche comme la plupart des carnassiers d’eau douce. Au point que dans les compétitions, cette stratégie a permis de remporter de nombreuses victoires inattendues.
Encore appelé plomb pyramidal, ce lest (qui fait aussi office de leurre) semble plus particulièrement efficace quand la température des eaux augmente, de la fin du printemps au début de l’automne. Le montage est d’une simplicité enfantine: il comporte un simple plomb aplati qui coulisse sur la bannière par un oeillet prévu à cet effet et vient buter sur une perle de protection protégeant le noeud de l’hameçon triple unique faisant office d’armement. La hampe de l’hameçon peut être habillée ou non d’un petit tube de plastique rouge qui attire l’attention du prédateur et lui permet de centrer son attaque. Les spécialistes intercalent souvent plusieurs perles colorées entre le lest et l’hameçon pour renforcer l’attrait du montage. Il existe plusieurs types de plombs pyramidaux dits “palettes”, plus ou moins lourds, longs et épais, les modèles les plus légers étant destinés aux animations lentes effectuées en eau peu profonde.
La pêche à la mouche
La perche est l’une des victimes désignés du moucheur, qui n’aura aucun mal à tromper ce petit adversaire à l’appétit toujours aiguisé.
La perche, attirée par tout ce qui brille et frétille, prend bien la mouche. Vous la solliciterez avec un simple matériel à truite, en privilégiant tous les steamers clinquants, qui brillent et renvoient des reflets colorés ( touches rouges, jaune vif, orange fluo) montés sur hameçon n°6 à 8. Vous pouvez aussi proposer des nymphes lestées claires de type Palaretta, des nymphes à bille ou des imitations réalistes d’alevins avec un corps en mylar et des finitions époxy.
Vous rechercherez systématiquement les perches près des obstacles : pontons, arbres couchés et immergés, bordures boisées, ceintures végétales près des berges. C’est là dans le fouillis végétal, que vous animerez votre streamer entre deux eaux ou près du fond. La récupération s’effectue en courte tractions suivies de très légers temps de pause: le streamer bondit vers l’avant, remonte brusquement vers la surface, plonge sur le fond. Quelques écarts latéraux conférés de la pointe du scion simulent une fuite désordonnée devant un prédateur. Le mouvement qui agite la mouche éveille l’instinct de compétition des perches qui perdent toute méfiance, se précipitent d’un seul élan pour se saisir de la proie.
La pêche aux leurres
Toutes les pêches fines aux leurres peuvent rapporter leur lot de perches. Cette ressource abondante dans toutes nos eaux douces permet au néophyte de s’initier rapidement aux nouvelles techniques de pêche sportive.
Vous opérerez l’ultra-léger, sur des lignes dont le diamètre n’excède pas le 14/100e, en utilisant classiquement de petites cuillères tournantes n°0 à 1, voire même des cuillères-mouches. Ces micro-leurres sont toujours très intéressants pour prospecter les bordures, les plages peu profondes, les herbiers en été comme en automne.
La perche appréciant la fantaisie, n’hésitez pas à habiller votre triple d’une touffe de hackles colorés, ou à utiliser des leurres mixtes qui associent à la palette de tournante un leurre souple, ou encore un poissonnet de plastique.
Les petits poissons nageurs de type jerk baits longs de 3 à 6 cm pour un poids de 5 à 6g sont évidemment très efficaces. Lorsque des manifestations d’activité éclatent en surface, n’hésitez pas à proposer un stick bait, voire un popper.
Au contraire, si les perches se trouvent plutôt en eau profonde, privilégiez les modèles grands plongeurs de type crank baits.
Tous les leurres souples conviennent, notamment les petits worms, les shads ou les grubs longs, montés sur plombs stand up (plomb sabots) qui maintiennent l’armement pointe tournée vers le haut pour limiter les accrochages. Dans cette catégorie, le jig qui parvient à évoluer au coeur des branches et des herbiers, semble avoir été conçu pour la perche.
La pêche au poisson mort manié
La technique est semblable à celle décrite pour le sandre lorsqu’on pêche en lac ou en ballastière. On utilise alors avec succès une monture de type mini-Drachko.
En rivière, il est préférable d’employer une petite monture godille de type Aulne, très efficace pour explorer la proximité d’obstacles qui brisent les courants. Les poissons choisis comme appâts, ablettes, ables, gardonneaux, mesurent de 6 à 7cm. La tirette est également très efficace, avec en guise d’appât un petit poisson à l’écaillure très brillante de type able ou ablette.
Source: Pierre Affre & Pascal Durantel
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