Le Silure glane et ses techniques de pêche

Du nom scientifique: Silurus glanis

silure glane carnassier poisson eau douceC’est de très loin, le géant de nos eaux douces, puisque aujourd’hui dans nos grands fleuves, les individus approchant et même dépassant le poids de 100kg ne sont pas rares. Le silure glane, Silurus glanis, est originaire d’Europe centrale et orientale (bassins du Danube et des autres grands fleuves qui se jettent dans la mer Noire et la mer Caspienne). En France, ce n’est qu’à partir de 1968 qu’il faut réellement dater l’intrusion du silure dans nos eaux.

Une gueule énorme et moustachu

Le corps du silure est très allongé, la peau, nue, est recouverte d’un épais mucus. La tête est aplatie, avec une gueule largement fendue qui porte six barbillons, deux très longs au-dessus de la bouche, quatre plus petits en dessous. La nageoire dorsale est très petite et courte alors que la nageoire anale est exceptionnellement longue et rejoint la caudale. La coloration générale est assez sombre, variant du gris-noir  au vert olivâtre, en passant  par le brun foncé sur le dos. Les flancs sont plus clairs avec des marbrures, le ventre est blanc jaunâtre.
Les silures habitent les eaux calmes ou faiblement courantes, à fonds de vase, des grandes rivières ou fleuves, mais également les lacs, étangs ou ballastières, pourvu que ces milieux soient suffisamment vastes et riches en poissons-fourrage. Dans les eaux courantes, leur habitat de prédilection recouvre assez exactement ce qu’il est convenu d’appeler la zone “à brèmes” et s’étend jusque dans les estuaires (eaux saumâtres). Affectionnant les fonds vaseux, les silures ont des moeurs plutôt nocturnes. Dans la journée, ils se réfugient dans les grands fonds, ou sous les berges protégées par des racines. Durant la nuit, ils prospectent les rives et les endroits peu profonds des fleuves où ils chassent activement et bruyamment leurs proies.

Le comportement alimentaire

Très éclectiques dans la recherche de leur nourriture, les silures adultes, s’ils se nourrissent essentiellement de poissons et d’écrevisses, attaquent également les mammifères aquatiques (rats d’eau surtout) ainsi que les oiseaux d’eau (canards et poules d’eau). On leur a ainsi prêté une réputation d’ogres, de voraces, de gloutons qui n’hésitent pas à s’attaquer à de très grosses proies. Si le silure est un prédateur extrêmement efficace dans la zone à brèmes, il n’est pourtant pas le monstre insatiable que l’on à souvent décrit. Ses alevins se nourrissent pendant longtemps de plancton et de larves d’invertébrés benthiques, puis de vers de vase.

Le frai

Sous nos climats, la reproduction du silure débute fin mai et dure jusqu’à la mi-juin, lorsque la température de l’eau atteint 22 à 24°C. Les femelles construisent un nid en nettoyant les racines immergées des bordures par de vigoureux mouvements de leur queue. Le frai a lieu généralement de nuit et les oeufs fécondés se collent contre les racines des plantes. Le mâle mène ensuite la garde autour du nid durant toute l’incubation et assure le renouvellement constant de l’oxygène et le nettoyage des oeufs par des mouvements de brassage de l’eau effectués avec sa queue.

La pêche au vif

C’est l’une des techniques les plus communément mises en oeuvre pour capturer les très grosse silures calés dans les fosses. Moins sportive que la pêche aux leurres, certes, elle n’en demeure pas moins très efficace.

A la ligne flottante

Dans près de 95% des cas, on pêche le silure en France dans les fleuves ou des rivières. S’il s’aventure volontiers dans les radiers l’été, le soir mais aussi parfois en pleine journée, mieux vaut le rechercher dans les fosses quand on le sollicite plus spécifiquement au vif. La ligne flottante utilisant un flotteur coulissant est adaptée à la plupart des situations. Ce montage simple vise à disposer sur le corps de ligne un flotteur coulissant axial ou à un seul point d’ancrage sur la quille, lesté par une plombée lourde. Dans une eau amortie et peu profonde, un flotteur de 100g supportant un lest de 60g conviendra.
En revanche, dans les courants soutenus et/ou des profondeurs importantes, un plombage de 200g associé à un flotteur dont la portance est en rapport sont souvent nécessaires. L’eschage classique consiste à piquer le vif par le dos ou au niveau du pédoncule caudal, sur la pointe d’un hameçon simple ou triple dont la taille est en rapport avec celle du poissonnet. Le bas de ligne, long de 60 à 80cm, gagne à être fluorocarbone ou en tresse de résistance 60 livres.

A la plombée

L’autre possibilité consiste à immobiliser le vif sur le fond à l’aide d’un montage approprié. Cette option de pêche à la plombée s’avère souvent nécessaire si vous opérez du bord, en présence de courant et sans la possibilité de mettre en place des bouées. Les spécialistes ont souvent recours à une plombée disposée en dérivation, de préférence reliée par un brin cassant à une perle potence.
Afin d’éviter que le vif ne se plaque sur le fond, il est important de lui adjoindre un dispositif flottant le contraignant à évoluer au dessus du limon. En action de pêche, lorsque les touches loupées se succèdent et à plus forte raison avec des vifs de forte taille, mieux vaut avoir recours à un eschage utilisant deux hameçons en tandem: un triple et un simple par exemple.
Il est bon de conserver à l’esprit que les silures observent des périodes d’activité très différentes d’une période à l’autre de l’année. Leur grand réveil a lieu en avril, période durant laquelle ils mènent une activité soutenue, jusqu’à la fin de l’automne avec des accalmies l’été durant la journée. Les heures crépusculaires sont également souvent les plus favorables.

Quels vifs ?

En théorie, tous les vifs peuvent convenir. Dans la pratique, et à condition d’avoir le choix, mieux vaut s’orienter vers des espèces résistantes qui nagent des heures en conservant toujours la même mobilité, donc en exerçant toujours le même attrait.
Tanche , carpe, carnassier, barbeau, voire gros rotengle conviennent bien. Si vous disposez que de brèmes  ou de chevaines, ne croyez pas la partie perdue pour autant. Il suffit juste de les changer plus souvent. La question de la taille mérite aussi réflexion, les gros vifs comme un carpeau de 2 livres produisent des mouvements et des vibrations forcément mieux perceptibles que des poissons de moindre taille. Mais force est de reconnaître que les très grands vifs, s’ils sont plus attractifs, occasionnent aussi de nombreux loupés au ferrage. Il faut donc trouver le bon compromis entre ces deux extrêmes.

La pêche au mort manié

Voilà une bonne manière de concilier les avantages de la pêche aux appâts naturels et ceux d’une prospection active et itinérante. Vouloir départager le vif du poisson mort est une pure perte de temps, que l’on pêche le brochet, le silure ou le sandre, car il s’agit de techniques complémentaires avec lesquelles il est recommandé de jongler selon l’humeur des poissons.
Les montures qui comportent une plombée articulée en tête s’inspirent des Drachko, mais sont surdimensionnées. Dans tous les cas, l’agrafe de fixation ou le tire-bouchon, longs de 10cm au moins, sont prévus pour recevoir de gros poissons d’au moins 100g. Votre monture est armée de deux triples, très piquants et indéformables.
Cette monture de base peut comporter des variantes, allégés pour solliciter des silures embusqués en eau peu profonde.

La pêche aux leurres

Le silure a d’abord été péché aux appâts naturels: vif, poisson mort, bouquet de lombrics ou écrevisse. Puis les adaptes du leurre ont découvert un fantastique poisson de sport.

La pêche du silure aux leurres de surface

Si nous commençons par ce type de leurre dont l’emploi peut sembler incongru quand il s’agit de solliciter un poisson qui vit à priori sur le fond, c’est pour mieux souligner le vaste éventail de stratégies susceptibles d’être mises en oeuvre pour traquer le silure. Quelques pionniers, dont Frédéric Brilloux, guide de pêche en Touraine et compétiteurs ont découvert l’attrait que pouvaient exercer des leurres en surface sur cette espèce. Après s’être attaché à identifier la problématique et à trouver les bonnes réponses. Fred Brilloux a fini en effet par prendre de gros, de très gros poissons aux leurres de surface. Des silures dépassant les 2m, qui l’ont définitivement rendu accro à la technique.

Durant les heures crépusculaires

Cette pêche de surface est soumise à des contraintes que notre spécialiste a bien identifiées. Vous n’obtiendrez des résultats réguliers que si la température de l’eau atteint ou dépasse 20°C, seuil thermique observé du 15 juin à la fin août, quand la rivière se trouve en débit d’étiage. En outre, les poissons semblent d’autant plus mordeurs quand l’eau est chaude, avec des pics d’activité enregistrés quand la températures des couches superficielles atteint 30°C
Ce comportement tout à fait inattendu et paradoxal signifie que si, globalement, vous pouvez espérer des touches durant les heures crépusculaires, vos meilleures chances sont parfois offertes en pleine canicule, entre 11h et 15h. Il est vrai que, contre toute attente, les radiers constituent les terrains de chasses privilégiés du silure. L’été, abandonner la prospection des fosses pour vous concentrer sur les courants vifs et les fonds moyens, qui ne dépassent guère 1,5m. Pour solliciter ainsi les silures en surface, en plein courant, vous utiliserez de gros stick baits ou des jerk baits en bois à hélice, voire même des gros poppers dont il faut généralement changer hameçon et anneaux brisés, jugés trop fragiles. La puissance de la canne doit pouvoir vous permettre de lancer des leurres pesant près de 100g.

Les autres leurres

Les nouvelles techniques de pêche à la verticale, qui se pratique avec un sondeur, conviennent particulièrement bien à la traque du silure dans les grandes fosses. Il vous faut utiliser de très gros leurres souples de type Shad ou Slugo, tels ceux conçus pour la mer

La pêche au clonk

clonk silure pêcheTrès territorial, le silure réagit à toutes sortes de bruits, dont celui de ce fameux clonk. L’instrument, long d’une trentaine de centimètres, se compose d’un manche plus ou moins ergonomique prolongé par une partie effilée qui se termine par une renflement ou une surface plate ou concave. Cette partie assénée sèchement à la surface produit un bruit mouillé rappelant vaguement celui d’un bouchon de bouteille qui saute. L’idée maitresse consiste donc à éveiller la curiosité du silure et à lui proposer en même temps de quoi le faire mordre: un bouquet de lombrics, de vers canadiens, une lanière d’encornet, un vif ou un leurre bien sûr. C’est un peu l’aspect magique de la stratégie, appeler un poisson pour l’inviter à mordre.

 

 

Source: Pierre Affre & Pascal Durantel

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