Du nom scientifique: Esox lucius
Il semblerait que ce soit Plinele premier qui, dans l’antiquité latine, décrivit ce poisson sous le nom d’esox. Par la suite le poète Ausone qui chanta les poissons de la Moselle l’appela lucius. Linné choisit d’accoler ces deux qualitatifs pour baptiser scientifiquement et pour la postérité messire grandgousier. Quant au nom “brochet”, il viendrait du fait que notre poisson dans les cuisines des châteaux au Moyen Âge était le plus souvent préparé à la broche. Les petits brochets d’un été qui atteignent une talle de 15 à 25cm sont, eux, appelés “poignards”, par analogie de forme avec cette arme; également quelquefois “lancerons”ou “sifflets”. Pike, le nom anglais de notre poisson, viendrait du français “pique”.
Table des matières
Le poisson
Le brochet appartient à la famille des ésocidés, dont il est d’ailleurs le seul représentant en Europe. Son aire de distribution naturelle commence sur notre versant de Pyrénées (l’espèce n’a été que récemment introduite en Espagne et au Portugal) et s’étend bien au-delà de l’Oural. Le brochet est certainement le carnassier le plus répandu dans les eaux françaises et européennes. On le trouve depuis les marais du bord de mer jusqu’aux lacs de moyenne altitude. Il se plaît dans les petites rivières plutôt lentes comme dans les grands fleuves à fort courant, dans les petits plans d’eau (étangs, douve de château) comme dans les grands lac naturels (lacs alpins) ou les gigantesques retenues de barrage.
Le comportement alimentaire
On a longtemps cru que le brochet était un monstre aquatique, ravageur impitoyable et jamais assouvi, dont la seule présence suffisait à dépeupler une pièce d’eau ou un secteur de fleuve. Aujourd’hui encore, nombre de pêcheurs soutiennent que le brochet mange son propre poids de poisson par jour. En fait, de récentes et sérieuses études montrent qu’un brochet consomme entre six et dix fois son propre poids de poissons et autres animaux aquatiques ou amphibies (rats d’eau, grenouilles, canetons…) par an et non par semaine ou jour. Ainsi, trois gros goujons de 20g et un gardon large de deux doigts constituent-ils le festin journalier moyen d’un “grand bec” d’une dizaine de livres. Les pêcheurs sont finalement les mieux placés pour savoir que c’est le manque chronique d’appétit du brochet, exception faite de quelques trop rares et fugaces moments de frénésie alimentaire, qui est responsable de leurs trop nombreuses bredouilles.
Le frai
La reproduction du brochet à lieu, selon nos régions, entre la mi-février et la fin avril, en fait dès que l’eau atteint une température de 8 à 10°C. Les femelles recherchent un support herbeux pour y déposer leurs oeufs. Comme la végétation aquatique, n’est pas encore développée, c’est le plus souvent dans les prairies les plus inondées, là où l’eau peu profonde va se réchauffer le plus vite sous les rayons d’un soleil printanier, que les mâles et les femelles vont se ressembler. Les zones littorales des lacs et des étangs, les îles, les prairies de bordure recouvertes par les crues des fleuves, les marécages, les bras morts de rivière, les hauts-fonds, les “queues” d’étang et même les fossés de drainage constituent d’excellents milieux de reproduction du brochet. La femelle entourée de plusieurs mâles, qui participent à tour de rôle à la fécondation, se déplace énormément et dissémine ses oeufs sur une vaste surfaces. A l’issue de l’incubation (8 à 12 jours) sort de l’oeuf, devra rester fixé sur un support végétal pendant encore une dizaine de jours au moins.
La pêche au mort posé
Cette technique élaborée par des pêcheurs britanniques spécialisés dans la capture des très grands brochets, les fameux Mammoth Pikes, présente de nombreux avantages. Peu pratiquée en France, elle sélectionne non seulement les gros poissons, mais permet aussi d’opérer aux appâts naturels là où le vif est interdit, comme c’est le cas en Irlande par exemple.
La pêche à la plombée
Pendant longtemps on a cru le brochet exclusivement intéressé par des proies vivantes. Et ce sont les anglais qui ont prouvé le contraire en 1970 en pêchant à l’aide de poissons morts et de tronçons de poissons.
Bien que considérée comme une technique périphérique, la pêche au poisson mort posé s’avère d’une efficacité redoutable pour capturer les très gros brochets qui mesurent leurs efforts et ne consentent à se déplacer que pour engloutir une proie volumineuse. En outre, l’expérience prouve que les vieux brochets adoptent volontiers un comportement nécrophage.
Cette pêche peut se pratiquer pour solliciter un poisson repéré, bien marqué, situé par exemple au beau milieu d’obstacles. Sur de vastes étendues d’ eau, de nombreux spécialistes s’accordent à préconiser un amorçage préalable effectué durant quelques jours avant la partie de pêche. Distribuez alors généreusement des poissons morts très frais, entiers ou découpés en tronçons. Sardines, maquereaux ou harengs peuvent convenir, car ils dégagent une odeur forte et persistante. Certains pêcheurs effectuent en complément un amorçage d’appoint à base de broyat de poissons mêlé à de la terre meuble assez lourde, à laquelle ils mélangent aussi des tronçons de poissons frais, un peu comme la strouille ou le broumé en mer.
Plusieurs possibilités vous sont offertes en matière d’eschage :
-le tronçon de poisson (ou le poisson entier) peut être fixé à un hameçon simple n°0 à 2, ou à un triple n°4 dont les pointes sont noyés à l’intérieur du corps, l’essentiel est que l’armement soit aussi discret que possible.
Les montures flottantes sont intéressantes, dans la mesure où elles décollent l’appât du fond. Plus visible , le poisson ondule doucement sous l’effet d’un faible courant, ce qui le rend d’autant plus attractif. En guise de lest, utilisez une plombée classique (olive de 20 à 30g butant sur un tube de silicone qui protège le noeud de l’émerillon) ou un montage anglais plus moderne, comportant sa plombée en dérivation reliée à un antitangle.
La pêche à la ligne flottante
Principal intérêt de ce montage : recréer l’illusion de la vie avec votre poisson mort! Il vous suffit pour cela d’employer un flotteur légèrement sous-lesté, réglé de manière à faire évoluer l’esche entre 10 et 40 centimètre au-dessus du fond. Le flotteur, entraîné par le courant, par le vent et balloté par les vagues, transmet à l’appât sa vitesse et ses mouvements désordonnés. La nage du poisson mort devient saccadée, aléatoire, frémissante et simule à merveille celle d’un individu faible, malade ou agonisant. Les flotteurs à voile de type Insert Driver se prêtent très bien à cette technique en lac ou en étang. Sur ces plans d’eau, votre stratégie sera d’autant plus payante que le vent fort soulève un important clapot qui fera danser une gigue au poisson mort.
La pêche au poisson mort
Anime, au bout de sa ligne, un poisson mort pour le “faire” passer pour un sujet agonisant ou blessé reste un des moyens les plus efficaces pour décider un brochet à mordre.
Une technique vieille comme la pêche
Voilà une pêche qui semble bien passé de mode. Face au déferlement des techniques nouvelles importées outre-atlantique ou du Japon, pêcher au poisson mort relèverait pour les intégristes du crime de lèse-sportivité. Et pourtant, une fois le brochet ferré, leur défense n’est pas plus diminuée, avec un poisson mort au coin du bec, qu’avec un leurre moderne à multiple hameçons triples qui leur clavent la gueule et les empêchent de s’oxygéner en faisant circuler l’eau dans les branchies. Il en va bien évidemment tout autrement dans la pêche au vif, si on laisse le brochet avaler profondément le poisson appât.
Un poisson mort fraichement tué
Pour revenir au poisson mort et bien pratiquer cette technique, il faut pouvoir disposer de vifs et éventuellement savoir les conserver bien vivants d’une partie de pêche à une autre. En effet le poisson conservé dans du formol, raide, terne et puant le produit chimique, ne vaut pas le bon leurre artificiel et les poissonnets congelés ne tiennent pas bien sur la monture et se déchire au premier lancé appuyé.
Un poisson mort, fraichement tué et fixé sur une monture, sera entre des mains expertes souvent bien supérieur à un vif, tant sa nage imitera celle d’un poisson blessé ou moribond, proie de prédilection des carnassiers en général et du brochet.
Efficacité de la monture Drachko
Comme pour la truite, il existe des dizaines de modèles de montures à poisson mort destinées au brochet, mais la Drachko en moyenne et grande taille sera toujours supérieure à toutes les autres. Imitée et copiée par de nombreux fabricants, la monture Drachkovitch n’a cependant jamais été égalée.
Contrairement à la pêche du sandre, où le poisson mort devra être animé par rapides saccades le plus près du fond possible, au brochet, de longues glissades à mi-eau, suivies de relâcher faisant tomber l’appât en feuille morte au fond, alternant avec des remontées en paliers, imitant la nage d’un poissonnet blessé ou agonisant, seront plus efficace.
Une canne assez puissante et raide permettant de transmettre au poisson mort toutes les commandes du poignet est primordiale dans cette techniques. Un moulinet à tambour fixe garni d’un nylon ou d’une tresse fluorescente de 5 à 8 kg de résistance complètera l’équipement. Comme avec les leurres métalliques ou les poissons nageurs, l’emploi d’un avançon en fil d’acier est absolument indispensable. Le contrôle de ce qui se passe sous l’épaisseur liquide se fera soit de façon tactile, lors des phases actives du maniement, soit de façon virtuelle en surveillant le point d’entrée du fil dans l’eau, lors des temps d’arrêt qui permettront à l’appât de redescendre vers le fond. Sur un fil tendu, la touche sera ressentie dans la main qui tient la canne comme un choc violent ou au contraire très discrète. Mais, bien souvent, c’est à l’occasion d’un relâcher qu’aura lieu le coup de mâchoire du brochet et seul le suivi de la ligne visuel vous renseignera sur l’attaque.
La pêche au vif
La pêche au vif demeure sans aucun doute le meilleur moyen de prendre un très gros brochet. Différents montages permettent d’exploiter , à tous les étages, la plupart des postes occupés par le prédateur.
La pêche à la ligne flottante
Vous pouvez opérer avec un flotteur bon porteur réglé de manière à faire évoluer le vif près du fond ou entre deux eaux. Une méthode plus élaborée consiste à utiliser un flotteur original ou insert-driver qui est équipé d’une petite voile. Le procédé permet au pêcheur ne disposant pas d’embarcation d’exploiter, au vif, tous les postes favorables situés au large. Il consiste donc à laisser filer dans la vague un flotteur dont l’antenne est équipée d’un panneau rectangulaire ou octogonal, sur lesquels prennent appuis les courants d’air. Poussé par le vent, ce flotteur entraine le vif a sa suite vers les zones de hauts fonds, ilots et les herbiers qui se trouvent loin au large. Le poissonnet sera d’autant plus attractif que vous en contrôlez soigneusement la dérive, qui est au besoin stoppée ou ralentie à l’aplomb des postes favorables.
Seule contrainte : la présence de vent, qui doit souffler dans votre dos. De plus, les berges qui se trouvent sous le vent sont souvent moins favorables que celles brassées par les vagues.
La pêche au pater noster
Cette méthode consiste à immobiliser un vif ou à limiter l’amplitude de ses mouvements près d’un endroit stratégique. C’est le montage de base qu’utilisent les spécialistes pour solliciter les très gros brochets calé au milieu des branchages ou sous les berges , derrière un écran de racines. Le lest, disposé en bout de ligne, doit être suffisamment lourd pour maintenir en place là où vous le souhaitez votre ligne flottante, cela malgré le vent, le courant et les contorsions du vif. L’émerillion pater à trois oeillets est installé au niveau voulu, en vous attachant à faire en sorte que la longueur de la crinelle à laquelle est fixée le poissonnet soit toujours inférieure à celle de l’empile soutenant le plomb. Il existe des variantes de ce montage prévu pour brider un vif sur un poste restreint, avec ou sans flotteur. Sur les fonds chaotiques et tapissés de branchages, vous pouvez ainsi remplacer votre plomb poire par quelques écrous rattachés à un brin cassant, dont le diamètre est inférieur de 4 à 6/100e à celui de la bannière.
Le téléphérique
Cette évolution du montage en pater noster coulissant accorde une plus grande liberté de nage au vif sur un plan vertical. Ce dernier se déplace en effet librement le long d’un axe formé par la bannière tendue entre la pointe du scion et le lest fixé en bout de ligne, l’amplitude de ses mouvements étant limités au besoin par la mise en place de deux butées, haute et basse. En bridant le déplacement du poissonnet, ce montage très performant vous permet d’exploiter les postes restreints, souvent très encombrés. Vous l’utiliserez idéalement le long d’un arbre immergé, au milieu des herbiers, pour prospecter la bordure extérieure d’une roselière ou d’une ceinture végétale flottante de pleine eau.
La pêche à la cuillère
Trop souvent reléguées au rang d’antiquités, les cuillères tournantes et ondulantes demeurent les instruments indispensables et complémentaires du pêcheur sportif.
La cuillère tournante
C’est le leurre polyvalent par excellence, conçu notamment pour les pêches précises de postes restreints, le plus simple aussi à utiliser. La cuillère tournante, que vous choisirez de préférence équipée d’une palette ongle qui papillonne loin de l’axe en émettant de fortes vibrations, convient bien à la prospection de postes précis: espace d’eau libre dans un tapis de nénuphars, dans un herbier, dans une roselière. Ses limites d’utilisation sont atteintes pour la prospection rapide de vaste étendues d’eau, où l’ondulante prendra le relais.
Dans la mesure où vous pêchez des postes étroits, votre principal atout est la précision. Si le brochet chasse les alevins en surface, vous pouvez ramener votre leurre juste dans la pellicule, en buzzing, de manière que la palette brasse de l’eau en créant le maximum de turbulence. Cette animation est très efficace au milieu des chasses. Elle simule le comportement d’un alevin qui monterait à la surface en tâchant d’échapper au prédateur. Pour exploiter les plus grandes profondeurs, préférez un modèle plombé en tête à une cuillère plombée sous l’axe, bien moins performante dans ce cas de figure.
La cuillère ondulante
Elle prend le relais pour battre le terrain. Le décrochement de la palette génère une nage hésitante et planante, saisissante de réalisme: la palette miroite, capte la lumière et la reflète comme le ferait l’écaillure d’un alevin en difficulté. L’ondulante offre en fait un fantastique complément à la tournante: elle dégrossit le travail tandis que la palette tournante fignole sur les postes difficiles. Leurre à la fois incitatif et imitatif, l’ondulante entre en action aux plus basses vitesses de récupération et peut être travaillée, selon son poids à tous les niveaux.
Dans les vastes plans d’eau où les postes sont peu marqués, elle permet d’exploiter rapidement de grande étendues, d’autant plus méthodiquement que sa densité et son profil particulier facilitent les lancers lointains. Peu utilisée, elle crée moins ce phénomène d’accoutumance observé chez la tournante. En eau vive, elle tire moins et pêche plus “creux” qu’une tournante.
L’idée maitresse de l’animation (indispensable) consiste à modifier sans cesse le mode et la vitesse de récupération, de manière à faire adopter au leurre une nage hésitante, à la trajectoire sinueuse et aléatoire. Les brusques changements de direction imprimés de la pointe du scion renforcent l’attrait du leurre.
Plusieurs palettes d’ondulantes
On distingue plusieurs catégories de cuillères ondulantes: celles à palette large et épaisse et les autres à palette fine et effilée. Les premières, lourdes et denses, offrent une plus grande résistance à la pression de l’eau et émettent de fortes pulsations bien ressenties dans le poignet.
Elles conviennent à la prospection des courants larges et profonds, où elles demandent une animation saccadée, avec des relâchés courts, pour optimiser les mouvements oscillatoires. Les cuillères à palette fine et étroite adoptent une nage plus sinueuse, mais aussi plus discrète en termes de fréquences vibratoires. Elles se prêtent aux animations lentes et méthodiques.
Le bon choix de la cuillère tournante
Il est important de sélectionner le modèle bien adapté à la configuration précise du poste pêché. Ainsi, pour les pêches profondeur ou de courants plus ou moins soutenus, qui imposent une récupération lente au ras du fond, vous privilégierez les palettes feuille de saule, qui offrent une moins grande inertie à la traction. En revanche, votre choix se portera plutôt sur des palettes courtes et larges (de type “ongle”), qui répondent à la moindre sollicitation partout où le cheminement du leurre est court: sur les postes étroits, dans la coulée d’herbiers, une éclaircie entre les roseaux ou les branchages. La plus légère tirée doit suffire à déclencher la rotation de la palette, qui ne travaille parfois que sur quelques centimètres seulement.
La pêche au poisson nageur
Peu de leurre se distinguent par une telle polyvalence ! Les poissons nageurs se déclinent en plusieurs familles conçues pour exploiter tous les étages, tous les types de postes et les profils de parcours selon les niveaux d’eau et les températures.
Les gros jerk baits
Bien que leur utilisation demeure encore confidentielle, l’efficacité de ces leurres surdimensionnés n’est plus à démontrer pour solliciter des gros brochets. Ces leurres présentent de nombreux avantages, surtout en période d’intense activité qui se traduit chez le brochet par l’apparition d’un comportement exploratoire de quête alimentaire. Les gros jerk baits produisent en effet d’intenses vibrations, adoptant une nage unique et des postures très particulières qui, associées aux dimensions des leurres, facilitent le repérage visuel du carnassier. Pour tirer le meilleur parti de ce leurre, il faut véritablement le secouer.
Vous procédez en une succession de tirées sèches, saccadées en respectant une cadence assez rapide. La nage du jerk bait présente ceci de particulier qu’elle se déroule à la fois sur un plan horizontal (glissades latérales) et non sur un plan vertical. Selon l’amplitude du travail d’animation conféré, le jerk bait virevolte, tourne sur lui même pour se mettre en position perpendiculaire. En bref, il ne passe pas inaperçu!
Les gros swimbaits
Les swimbaits sont conçus pour reproduire fidèlement non seulement les mouvements mais aussi la silhouette du poisson-fourrage. Vous utiliserez ces poissons nageurs articulés, discrets et très réalistes , sur des postes peu profonds, pour solliciter des brochets éduqués. Les hard swimbaits sont déclinés en deux catégories. Ceux construits en bois, ancêtres de tous les swimbaits, sont souvent sculptés dans des essences nobles telles que le cèdre. Ces modèles sont généralement composés de 2/3 segments achevés par une queue souple, longue et fine élastomère. Ils s’accommodent, une fois n’est pas coutume dans cette famille, d’une légère animation qui rompt la monotonie de la récupération linéaire requise.
La seconde catégorie de hard swimbait regroupe les leurres moulés dans le plastique. Ces poissons nageurs peuvent être composés comme les précédents de 2/3 segments articulés terminés par un appendice caudal souple et allongé. D’autres modèles sont équipés de queues beaucoup plus courtes et figuratives, représentant la nageoire caudale d’un poisson. Contrairement aux modèles en bois, ces swimbaits supportent mal d’autres animations qu’une récupération lente et continue.
Les hard swimbaits sans bavette
Ces leurres qui travaillent juste sous la surface constituent une nouveauté très intéressante. Adoptant à la récupération une trajectoire sinusoïdale coulée, quasiment reptilienne, qui est tout à fait irrésistible tant elle simule avec un incroyable réalisme la nage d’un poisson. L’amplitude des mouvements ondulatoires est d’autant plus forte que la vitesse de récupération est grande. Certains modèles sont équipés de trois pièces. Leur nage est encore plus coulée, plus fluide et naturelle. Nous touchons là presque à la perfection. Mais pas encore à celle atteinte avec les soft swimbaits, fabriqués en plastique souple.
Les gros poppers à lancer
Prédateur opportuniste qui chasse à tous les étages, le brochet est particulièrement réceptif à ce type de leurre décliné en plusieurs catégories. Aux modèles originellement plutôt courts et trapus s’ajoutent en effet des formes plus effilées. Selon l’angle de biseautage de la face antérieur qui est concave ou non, le bruit, plus ou moins sonore, s’accompagne d’une gerbe d’éclaboussures. Grâce à une animation appropriée, l’objet simule à merveille les mouvements désordonnés d’une grenouille. Son action répond au comportement de poissons plutôt agressifs ou curieux. Durant la récupération, vous devez impérativement respecter des temps pause plus ou moins longs. En alternant avec de courtes tirées sèches qui font popper le leurre et des phases de tremblotement sur place.
La pêche aux leurres souples
Le brochet est sensible à n’importe quel leurre souple bien présenté. Simplement, il faut veiller à adapter les modèles utilisés à celle du prédateur visé, en privilégiant les grandes tailles.
Ne pas toujours privilégié les grandes tailles
Cette règle souffre toutes d’exceptions. C’est le cas lorsque le brochet concentre son attention sur les bancs d’alevins, un phénomène fréquemment observé en automne ou sur les têtards au printemps. Dans ce cas, il faudra réduire la taille des leurres, stratégie que les américains nomment “down sizing”
A l’inverse, les très gros brochets et les muskies sélectionnent parfois uniquement les proies de grande taille. Les pêcheurs nord-américains n’hésitent pas alors a proposer des leurres souples gigantesques, pesant entre 2 et 4 livres ! Autant dire qu’il faut le matériel et les bras pour animer ce genre d’imitation.
Selon les saisons, toutes les techniques peuvent convenir. La verticale est intéressante pour pêcher les brochets inactifs calés en profondeur, à l’aide de gros shads de 5 pouces et plus. N’oubliez pas d’ajouter un brin de fluorocarbone en guide de bas de ligne pour éviter les coupures inévitables dues aux contacts répétés avec la dentition acérée du carnassier. Le Texan lourd (ou Heavy Texan) vous permet en outre de proposer, des leurres souples dont la taille est adaptée à l’appétit des grands brochets. Lesté d’une balle pesant plus de 14g et armé d’un hameçon à tige coudée n°1/0 à 4/0, ce montage utilise classiquement un worm de 15 à 20cm ou un gros soft swimbait.
Irremplaçable grenouille de plastique
Les imitations réalistes de grenouilles trouvent leur plein emploi de la fin du printemps au début de l’automne, quand les amphibiens connaissent leur pic d’activité. Parfois, le brochet sait même se montrer très sélectif vis-à-vis de cette proie qu’il consomme à l’exclusion de toutes les autres. L’action de pêche est très intéressante. Active, visuelle, elle requiert une grande prudence dans l’approche des postes, une bonne précision des lancers, des réflexes sûrs et une parfaite connaissance des tenues occupées par les poissons. Vous ne pouvez vous satisfaire de longer les bordures en “tapant l’eau”. Tâchez également de vous aventurer au coeur de roselières et au beau milieu des tapis de nénuphars pour pêcher des tenues précises, que vous abordez en waders si la profondeur l’autorise, en bateau ou bien encore en float tube le cas échéant.
La pêche aux leurres métalliques spéciaux
On ne voit jamais assez grand pour mettre au sec un gros brochet ! Les fabricants proposent aujourd’hui des leurres métalliques atypiques adaptés à cette pêche, notamment de gros spinnerbaits ou des cuillères surdimensionnées.
Les cuillères
Composés de deux palettes tournantes disposées l’une derrière l’autre, les tandems modifient les formes, les couleurs, les signaux visuels d’une classique tournante. Ils ont été conçus pour associer des signaux de diverse natures, à des fréquences et à des amplitudes variables. Les gros tandems proposés par la marque Mepps, conviennent idéalement à la pêche au brochet. En action de pêche, la bonne animation de cette cuillère est cruciale. Avec un lest additionnel qui entraîne le train de leurre à une vitesse suffisante pour déclencher la rotation des palettes, vous pouvez effectuer des relâchés nombreux, le leurre continuant à papillonner rigoureusement durant la phase d’immersion. Le tandem se prête donc bien aux animations très lentes en profondeur, un type de récupération qui convient bien à un brochet ! Tirant moins qu’une seule grosse tournante, vous l’utiliserez avec succès l’été, au crépuscule, dans les courants puissants des rivières et dans toutes les zones turbulentes.
Mepps, propose une collection d’énormes tournantes n°7: la Giant Killer de 35g dont le triple est habillé d’une touffe de poils, la Giant Killer et la Giant Lusox.
Le prédateur est également sensible aux grandes palettes tournantes associés à des poissons en plastique ou des grenouilles.
Les gros buzzbaits et spinnerbaits
Conçus pour exploiter, différents étages, certains sont plus spécifiquement voués à pêcher le brochet. De très grande, lourds (20 à 100g et plus) ils comportement un trailer très volumineux. Le Curl Tail Spin Shad de Blue Fox est un spinnerbait dont la jupette en plastique est remplacée par une grosse imitation de poisson en plastique souple.
Chez Blue Fox toujours, notez le Muskie, un monstrueux buzzbait à deux hélices et double armement. Un monstre qui brasse un volume d’eau important mais surtout très voyant. En plus, il comporte une clochette vibratoire qui émet des cliquetis se rajoutant aux vibrations des pales et aux ondulations de la jupe.
La pêche à la mouche
On entend souvent dire que la pêche du brochet à la mouche est une pêche d’été ! Pourtant, il n’y a pas de saison meilleure qu’une autre pour la pêche au fouet, pas plus que pour la pêche du brochet au lancer. Selon les techniques (streamer, popper, soie flottante, plongeante ou hyperplongeante), toutes les saisons sont bonnes, en fonction de la connaissance que vous aurez du comportement et des tenues des brochets à ces moments-là de l’année.
Le matériel
S’il est possible de prendre un brochet avec une canne à mouche, à truite, seul un ensemble canne et soie spécifique vous permettra de faire face efficacement à toutes les situations rencontrées justement au fil des saisons. On ne lance pas depuis une barque un grand streamer au bout d’une shooting-head ultra-plongeante avec une canne à truite, même spéciale ” réservoir”
En été, la pêche des herbiers de bordure depuis le bord nécessite elle aussi une canne puissante afin de propulser un gros popper pas spécialement aérodynamique. Le marché nous propose aujourd’hui des cannes puissantes “spéciales carnassiers” ou “spécial brochet” qui conviennent fort bien pour la plupart d’entre eux. Pour pêcher au printemps et en été, près de la surface, une soie flottante est l’idéal. Selon la taille du streamer et la longueur du bas de ligne, vous pourrez varier la profondeur d’évolution de la mouche, tout en conservant un parfait contrôle de la soie en surface, ce qui est très important dans les endroits forcément encombrés d’herbiers où vous allez pratiquer.
Pour la pêche en automne et surtout en hiver, quand les brochets, et les autres poissons d’ailleurs, auront regagné le plus profond des plans d’eau, il conviendra d’utiliser le modèle le plus plongeant des soies du commerce. Seule une ligne de type “ultra fast sinking” entraînera suffisamment rapidement et maintiendra ensuite tout au long de la récupération un grand streamer près du fond.
Question bas de ligne, pour la pêche en soie flottante ou intermédiaire, rien de bien spécial. Se rappeler seulement que plus le bas de ligne sera long, plus les grosses mouches leurres ou poppers seront difficiles à lancer. Une longueur de 2m paraît un bon compromis entre lancer et présentation.
Bien sûr, vous n’oublierez pas d’intercaler devant la mouche une longueur de fil d’acier au moins 20cm.
Pour la pêche en profondeur avec soie très plongeante, le bas de la ligne ne devra pas dépasser 1m. En effet, comme les gros streamers que nous utilisons ne sont pas plombés, mais au contraire tendance à rester près de la surface, au bout d’un long bas de ligne et même si la soie est à ras le fond, ils se promèneraient un, voire 2m, au dessus de celle-ci, ce qui n’est pas du tout le but recherché.
Les mouches
Tous les grands et moyens streamers de type de ceux utilisés pour les prédateurs marins (bar, barracuda, tarpon, etc…) conviennent. Les grandes plumes blanches et teintés bleues, vertes et rouges de cous de coqs permettent à n’importe quel monteur, même le moins doué, de réaliser en un tour de main, c’est le cas de le dire, des mouches qui prendront des brochets.
Les plumeaux à dépoussiérer, aux plumes fluo et multicolores, que l’on trouve dans certains bazars, vous permettront avec un peu d’imagination ( ou en recopiant un modèle d’une planche de catalogue américain) d’en monter sur les meilleurs hameçons trois douzaines pour le prix d’une.
Source: Pierre Affre & Pascal Durantel
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