Le Black-bass et ses techniques de pêche

Du nom scientifique: Micropterus salmoide
black-bass poisson carnassierMicropterus samoide, lui fut donné par Lacepède 1802. Micropterus, en latin, signifie “petites nageoires”, mais ce nom fut donné par erreur au genre, car le spécimen décrit par le successeur  de Linné avait les nageoires abîmées. Salmoide fait allusion au genre Salmo, le black-bass étant qualifié par les premiers colons européens du Nouveau Monde de “perche truitée” pour la qualité de sa chair et sa défense au bout d’une ligne. Black-bass signifie “perche noire”, en  référence à la couleur sombre du poisson.

Une drôle de perche venue d’Amérique

Le corps du black-bass est de forme oblongue et d’aspect trapu. Le dos est vert bronze, les flancs sont plus clairs, vert olive à reflets argentés. Le ventre est blanc jaunâtre ou quelquefois blanc nacré. La tête est forte et la gueule est largement fendue, oblique et garnie de toutes petites dents fines et râpeuses, dites “en velours”. La mâchoire inférieur est nettement prognathe.

La répartition géographique

Avec la truite arc-en-ciel, elle aussi originaire du continent nord-américain, le black-bass est certainement le poisson d’eau douce le plus répandu (après introduction) un peu partout dans le monde. Il est amusant de constater que, depuis la Seconde Guerre mondiale, partout où il y eut des soldats américains stationnés, les eaux alentour connurent des introductions de black-bass, tant il est vrai que la fishing rod  fait partie de la panoblie du GI en permission. L’aire de répartition d’origine du black-bass recouvre très schématiquement la moitié est des Etats-Unis, depuis la frontière mexicaine jusqu’à celle du Canada. Chez nous, ce poisson fut introduit dès 1886 et s’est surtout bien acclimaté au sud de la Loire et tout particulièrement dans le sud-ouest de notre pays.

Quand on le trouve dans un fleuve ou une rivière, c’est toujours là où le courant est soit absent, soit très ralenti. Les bras morts, les mouilles, les reculées, les ballastières en communication avec les cours d’eau sont ses domaines de prédilection. Et bien évidemment les lacs, naturels ou de barrages, les étangs, les canaux et les douves, surtout si des fonds de sable ou de graviers sont présents dans ces milieux et s’ils sont riches en herbiers.

Le comportement alimentaire

Très opportuniste dans sa recherche de sa nourriture et éclectique dans son régime, le largemouth engouffre tout ce qui nage à portée de son redoutable avaloir. Les jeunes se nourrissent surtout d’invertébrés benthiques (vers, sangsues, larves d’insectes, etc.) et d’avelins d’autres espèces. Les adultes sont plus piscivores, mais ne dédaignent pas les insectes, les vers, les batraciens (grenouilles, tritons, salamandres), les oiseaux d’eau (canetons, poules d’eau…) ou les petits mammifères aquatiques (rats et musaraignes d’eau)

Le frai

Il a lieu dès que l’eau atteint 16 à 19°C, ce qui sous nos climats à lieu entre avril et juin. Sur un fond de sable ou de graviers, le mâle procède à la confection d’un véritable nid. Après avoir nettoyé et légèrement creusé sur une surface d’environ 50 à 60cm de diamètre. Il part à la recherche d’une femelle, qu’il ramènera sur place. Après diverses parades amoureuses, la femelle pond des oeufs par petites quantités à la fois, qui sont aussitôt fécondés. Les oeufs sont adhérents  et collent au substrat. Très souvent, le mâle attirera une autre femelle sur le nid et ainsi de suite. Le nombre d’oeufs fécondés par nid dépend du nombre de femelles que le galant y aura attiré et peut varier de quelques centaines à quelques milliers.

La pêche au spinnerbait

Ce leurre de ratissage, champion du power fishing, permet une recherche rapide de poissons actifs sur un plan à la fois horizontal et vertical. Cette particularité permet aussi de solliciter tous les black-bass suspendus, dans la colonne.

Le spinnerbait pour le black-bass

Ce leurre original est constitué d’une structure métallique en V formant un axe coudée, dont l’une des branche porte une ou plusieurs palettes de cuillères tournantes tandis que la seconde se prolonge par une tête plombée habillée d’une jupette en plastique. Les lanières du jig dissimulent l’armement, constitué d’un ou de deux hameçons simples.
Dans le mesure où vous associez un leurre souple et un leurre métallique et que vous disposez d’un large éventail de grammages, il va s’en dire que votre spinnerbait se prête à de nombreuses animations à toutes les profondeurs. L’une de ses particularités intéressantes est qu’il continue à travailler quand vous stoppez la récupération: lors d’un relâché, durant sa phase d’immersion, sa palette ne cessent de papillonner.

Cette faculté doit retenir toute votre attention pour solliciter les poissons suspendus posés sur des gradins à différents étages intermédiaires le long d’un tombant vertical. Il vous suffit alors de laisser couler votre leurre en feuille morte le long de l’obstacle. L’animation, connue sous le nom de “drop-retrieve”, hélicoptère ou parachute, compte parmi les plus efficaces pour une prospection méthodique à toutes les hauteurs de la colonne d’eau. Elle est redoutable quand vous ne parvenez pas à situer les niveaux exacts occupés par des poissons répartis un peu au hasard le long du tombant, selon les caprices de sa géologie. Il vous suffit alors de vous positionner le long de l’a-pic, puis de laisser planer votre leurre vers le fond, en conservant une attention constante sur la bannière qui doit demeurer bien plus tendue. Durant toute la descente en “parachute”, soyez très attentif aux indices susceptibles de révéler une attaque: arrêt anormal dans l’immersion ou déplacement latéral insolite du fil. Les modèles qui se prêtent le mieux à cette animation sont les spinnerbaits simples, équipés d’une seule palette du type Colorado ronde et creuse. Sur ces modèles prévues plus spécifiquement pour une prospection verticale en parachute, l’extrémité de la palette, qui est obligatoirement fixée à un bras court, ne dépasse pas l’aplomb de la tête plombée.

Les trailers

En action de pêche, vous pouvez à volonté ralentir la vitesse d’immersion de votre spinnerbait en rajoutant à l’armement un trailer (leurre souple supplémentaire), qui va freiner la descente tout en conférant au leurre une nage encore plus planante et en rajoutant du volume à l’ensemble. Une écrevisse ou un leurre à appendice multiples sont des trailers régulièrement employés. De nombreux fabricants proposent aussi des imitations de poisson, qui rajoutent une touche de réalisme à l’ensemble.
Le poissonnet en matière souple convient cependant mieux aux récupérations linéaires entre deux eaux sous la surface.

Le buzzing

Cette animation, que les pêcheurs américains nomment aussi “stready retrieve”, très efficace au milieu des chasses, convient aussi idéalement pour prospecter les herbiers et toutes les parties peu profondes d’un plan d’eau. Elle est particulièrement redoutable quand il s’agit de solliciter les poissons embusqués sur des berges battues par les vagues. La manoeuvre consiste à effectuer une récupération linéaire, canne haute au départ, suffisamment rapide pour maintenir le leurre juste sous la surface, cela de manière que la palette brasse de l’eau en renvoyant des éclaboussures comme le ferait une hélice d’un buzzbait.

La pêche aux poissons nageurs

Aujourd’hui chaque catégorie de poisson nageur est conçue pour répondre à un emploi précis. Inventaire des familles les plus en vogue, convenant au black-bass.

Les suspenders

Le principe de fonctionnement des suspenders constitue l’une des innovations les plus intéressantes de ces dernières décennies. Ce poisson nageur à densité neutre, très proche de celle de l’eau, demeure en effet à un niveau stable dès lors que l’on stoppe la récupération ou que l’on ramène très lentement. L’effet obtenu est parfaitement compatible avec le comportement alimentaire du black-bass, qui peuvent rechercher leurs proies non seulement près du fond ou entre deux eaux, mais aussi juste sous la surface. En sachant que le suspender est susceptible d’évoluer à tous les niveaux situés entre la pellicule superficielle et une profondeur d’environ 3m. D’autre part, les carnassiers ne sont pas seulement attirés par les vibrations émises par le leurre, mais aussi par son mouvement, sa vitesse, son type de nage.
Ils se décident souvent à attaquer durant une phase d’immobilité  ou de ralentissement, quand le poisson nageur semble représenter une proie potentiellement facile à capturer, au prix d’un moindre effort. D’où l’intérêt de ce concept suspending, qui permet de stabiliser le leurre à n’importe quelle profondeur, contrairement aux modèles flottants qui demeurent en perpétuel mouvement, y compris quand on stoppe la récupération.

Les crank baits

Ces poissons nageurs courts et trapus, au corps rondouillard, sont dotés d’une très longue bavette qui les fait plonger plus ou moins à la récupération, jusqu’à une profondeur qui peu atteindre 12m. Vous les utiliserez donc pour solliciter les black-bass calés dans des grands fonds. Généralement flottants, ils se prêtent à de nombreuses animations intéressantes dont celle que les américains nomment “bottom tapin“. La manœuvre consiste à effectuer une récupération soutenue et continue de manière à faire piquer rapidement le leurre jusqu’au fond. Une fois parvenu à destination, vous entamez une récupération plus lente, entrecoupée de tirée sèches ou de brusques accélérations qui font rebondir le poisson nageur sur le substrat. Sa bavette racle alors le fond en soulevant un nuage de sédiments qui ne manque pas d’attirer l’attention du prédateur. Elle peut aussi heurter les obstacles, ce qui a pour effet de faire brutalement dévier le leurre de sa trajectoire. La bavette fait ainsi office de dispositif anti-accroc, le leurre esquivant l’obstacle au moindre contact.

Les stickbaits et les poppers

Ils permettent d’exploiter le moindre espace d’eau libre dans toutes les zones peu profondes riches en végétation et répondent idéalement au comportement opportuniste des prédateurs qui occupent les lieux black-bass, perches et brochets. Très polyvalent, le stick bait est recommandé pour solliciter les poissons méfiants, qui ignorent les modèles trop bruyants de type poppers. Il se prête idéalement à l’exploitation des chasses de surface. Les poppers sont certes moins discrets, mais leur comportement incongru peut faire la différence. Vous gagnerez à varier les animations mais aussi la présentation. N’hésitez pas à poser le popper sur la berge ou une feuille de nénuphar avant  de le faire glisser dans l’onde. Faites-lui également heurter des obstacles durant la récupération.

La pêche aux leurres souple

Toutes les pêches aux leurres souples déclinée auparavant peuvent convenir au black-bass. Un leurre dont nous avons peu parlé est particulièrement efficace pour solliciter les poissons éduqués, le soft swimbait, un poisson nageur articulé en plastique souple.

L’engouement suscité par la pêche aux leurres nous conduit fatalement vers des phénomènes d’accoutumance qui génèrent des refus. En levant ces comportements d’inhibition, la nouvelle génération de swimbaits, discrets et hyperréalistes, vous permettra de bluffer encore plus longtemps les poissons éduqués. Les swimbaits en plastique souple ou soft swimbaits comptent parmi les innovations majeures de ces dernières années. Pour la poignée d’initiés qui ont découvert cette famille longtemps restée confidentielle, ce fut même une révélation. En cumulant les avantages des leurres durs et souples, ils ouvrent de nouveaux horizons. Ils génèrent les mouvements d’eau et les vibrations des hard swimbaits mais ont la consistance et l’odeur des leurres souples. Autre avantage, ils se prêtent à de nombreuses utilisations sur divers montages. Vous pouvez les fixer sur un classique Texan armé d’un hameçon à hampe décalée anti-herbe (weedless) lesté par une petite balle de tungstène, moins volumineuse que le plomb à taille égale.Vous pouvez aussi l’utiliser sur un montage drop shot lourd (heavy drop shot) ou sur une tête plombée de type jig, pour solliciter les carnassiers dans leur ultimes sanctuaires.
Il existe des modèles à bavette ou sans bavette, ces derniers représentant la quintessence du swimbait discret et figuratif

La pêche à la mouche

L’engouement que suscite la pêche aux leurres nous fait trop souvent oublier l’efficacité du fouet, qui permet de solliciter le black-bass à tous les étages. A l’aide de modèle imitatifs ou incitatifs de toutes sortes, la pêche au black-bass vous est révélée dans une autre dimension, ludique et excitante.

Le black-bass figure parmi les rares carnassiers dont les pics d’activités sont observés en été. Chasseur de surface, il s’embusquer en eau peu profonde dès l’arrivée des beaux jours. L’opportunité pour le moucheur d’effectuer de superbes coups de ligne, dans l’environnement luxuriant des queues d’étang ou des bras morts. Le popper compte parmi les leurres de surfaces les plus utilisés, qui s’anime comme les modèles conçus pour la pêche au lancer, stop and go, c’est-à-dire en une succession de tirées, de temps de pause et de tremblotements imprimés sur place. Les micropoppers sont efficaces quand les carnassier centrent leur prédation sur de gros coléoptères terrestres ou des hyménoptères tombées accidentellement dans l’eau. En cas de refus répétés, prenez le temps d’observer les comportements des poissons et proposez les imitations réalistes de proies qui retiennent leur attention. En juin, il peut s’agir de petits hannetons de la Saint-Jean, puis plus tard dans l’été, les black-bass centrent leur prédation sur les libellules, en particulier sur des gracieuses demoiselles. Soyez alors attentifs à la couleur de l’insecte en question, point sur lequel les carnassiers sont parfois très sélectifs.

Source: Pierre Affre & Pascal Durantel

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