Introduction
La truite fario fait partie des poissons les plus fascinants à pêcher. Elle possède un comportement qui varie énormément au cours de la saison et c’est pour cela qu’une multitude de techniques existent pour la traquer : le toc, la mouche, la nymphe, les appâts naturels ou encore les leurres.
Nous allons tenter de répondre à toutes vos questions afin de vous donner les clés pour débuter dans cette pêche si particulière. Nous allons nous focaliser sur la pêche de la truite fario en cours d’eau naturels. Cela ne vous empêchera pas pour autant de prendre d’autres salmonidés comme la truite arc-en-ciel, l’omble chevalier ou le saumon de fontaine. Cependant, la pratique de la pêche de la truite arc-en-ciel en réservoir étant différente dans bien des aspects, elle ne sera pas abordée dans cet article.
Table des matières
Le comportement saisonnier de la truite
Pour aborder la pêche de la truite en cours d’eau, il semble indispensable de parler du comportement de la truite fario. En effet, la truite a la particularité de présenter une alimentation et une tenue dans le cours d’eau très variables en fonction de la période de l’année et nous allons tenter de vous en donner les grandes lignes.
Premièrement, gardez bien à l’esprit que la truite est un poisson territorial ! On parle beaucoup de cette territorialité chez des espèces comme le brochet mais on oublie souvent de le mentionner lorsqu’on parle de la truite. Or c’est une erreur : il arrive que la truite attaque votre leurre par agressivité, plus que par réel appétit. Elle aura tendance à vouloir protéger le caillou ou la branche qui lui sert d’abri. La conséquence directe de cela est la taille des leurres que vous devez utiliser. Si vous observez des truites suivre votre leurre et le chasser de leur poste, cela veut sans doute dire qu’elles ne sont pas aptes à se nourrir pour le moment. Cependant, en augmentant la taille de votre leurre, vous allez plus jouer sur un effet de concurrence et ainsi déclencher des touches d’agressivité que vous n’auriez pas eues avec un leurre de taille plus classique.
Deuxièmement, demandez-vous en permanence quels sont les besoins biologiques du poisson. En début de saison, les eaux sont encore froides donc bien oxygénées. La truite trouvera donc assez d’oxygène, peu importe sa position dans le cours d’eau. Elle va alors chercher des endroits de confort thermique où elle produira le moins d’effort possible vis-à-vis du courant. Ainsi, à cette période, on retrouve les truites proches du fond, dans les contre-courants, dans les fosses, c’est-à-dire partout où elles peuvent se maintenir facilement sans lutter contre des courants trop puissants. Plus on avance dans la saison, plus l’eau se réchauffe donc le dioxygène se fait de plus en plus rare. Les truites étant des poissons très sensibles à l’hypoxie, elles vont alors devoir se positionner dans des endroits qui leur apportent assez d’oxygène (c’est le besoin le plus important pour leur survie, bien avant la nourriture ou encore le confort thermique). Ainsi, en plein été, lorsque l’eau est au plus chaud, on va retrouver les poissons dans les courants les plus rapides, dans les tourbillons car l’eau y est mieux oxygénée. Elles sont « obligées » de dépenser de l’énergie pour se maintenir dans le courant car leur survie en dépend.
De plus, la truite possède un régime alimentaire très varié et qui change tout au long de la saison. En effet, même si elle peut se nourrir des petits poissons (goujons, vairons …) tout au long de l’année, elle profite aussi de la présence de larves et de vers pour se nourrir en début de saison puis les insectes constituent une grande partie de son régime alimentaire quand les eaux se réchauffent.
Ainsi, en fonction du comportement saisonnier de la truite, à la fois en termes d’alimentation et de positionnement dans les cours d’eaux, il vous faut adapter vos leurres et votre approche. Pour résumer, en début de saison, pêchez dans les endroits les plus calmes et profonds puis évoluez petit à petit vers les endroits les plus agités du cours d’eau, jusqu’à pêcher dans les courants les plus puissants en plein été.
Le matériel pour bien débuter
Parlons à présent du matériel adapté pour débuter la pêche de la truite aux leurres, en commençant par la canne. La particularité de la truite réside dans la grande variabilité des tailles maximales qu’elle peut atteindre en fonction du milieu dans lequel elle vit. Dans certains milieux les truites grossissent vite jusqu’à atteindre des tailles de 60 cm ou plus, tandis que dans d’autres cours d’eaux, des poissons de 25 cm sont exceptionnels. Ainsi, il est difficile de trouver une canne universelle pour pêcher la truite en tout lieu. Vous devrez donc vous adaptez en fonction de la taille du milieu que vous souhaitez pêcher et des truites qui s’y développent.
Dans tous les cas, le spinning est à privilégier par rapport au casting, car cela permet des lancers plus efficaces, des animations plus précises et une meilleure sensibilité dans le cas d’une pêche légère comme celle de la truite.
Ainsi, pour pêcher en ruisseau ou en rivière de faible taille, une canne d’une longueur d’environ 1.80 m, d’une puissance de 2-10g et d’action semi-progressive semble constituer un bon début. La taille de la canne offre suffisamment de maniabilité pour se faufiler dans les endroits les plus encombrés, sans pour autant perdre en distance de lancer. La puissance vous permettra d’utiliser à la fois des poissons nageurs, des cuillères et des leurres souples. Enfin, l’action de la canne permet de réaliser des lancers précis et de faciliter les combats. En effet, la truite est un poisson très combatif qui donne beaucoup de coups de têtes. La souplesse de la canne évite les décroches.
Si vous voulez pêchez dans un milieu plus grand, c’est-à-dire des rivières de taille moyenne à grande, il vous faudra une canne plus longue et plus puissante. Ainsi, prenez plutôt une canne d’au moins 2.10m et de puissance 5-20g. Cela vous permettra d’atteindre des distances de lancer plus importantes mais aussi de combattre des poissons potentiellement plus gros. De plus cela vous permettra de lancer des leurres légèrement plus lourds, afin de vous adresser à ces poissons de belle taille.
Concernant le moulinet, il vous faudra un moulinet spinning de taille 1000 jusqu’à 2000 voire 2500, à mettre une nouvelle fois en relation avec la taille des milieux que vous pêchez. La légèreté de celui-ci est un paramètre important car cela vous apportera encore plus de maniabilité et de confort. Pensez à prendre un moulinet cohérent avec votre canne pour que votre ensemble soit bien équilibré. Pour choisir correctement le ratio de votre moulinet, cela va dépendre du courant habituel de vos spots. En effet, plus le débit du cours d’eau est important, plus vous aurez besoin d’un ratio élevé pour pouvoir éventuellement ramener votre leurre plus vite que celui-ci. Choisissez donc un ratio compris entre 6.1 :1 dans les cours d’eau plutôt lents jusqu’à 8.1 :1 dans les torrents de montagne.
Parlons à présent du corps de ligne qu’il faut utiliser. Il existe deux options qui s’opposent. D’un côté, le nylon, plus souple et moins sonore dans l’eau qui permet de mieux amortir les coups de têtes de la truite. De l’autre, la tresse associée à une pointe de discrétion en fluorocarbone, plus fine et moins élastique qui favorise des lancers sur de plus longues distances et une meilleure sensibilité. Si certains estiment que la tresse est trop sonore et qu’elle peut éveiller les soupçons des truites, on ne peut pas être sûr à 100% que cela ait vraiment un effet. Ainsi le choix entre les deux doit se faire en prenant en compte l’élasticité globale de votre montage. Si vous possédez une canne déjà bien souple, utiliser de la tresse permet de conserver cette souplesse sans l’exagérer. Au contraire, si votre canne est légèrement trop raide, l’utilisation d’un nylon de taille adéquate apporte la souplesse nécessaire à la bonne maîtrise des combats. Si vous optez pour de la tresse, utilisez une taille comprise entre 0.06mm et 0.12mm ainsi qu’un bas de ligne en fluorocarbone entre 18 et 25 centièmes, en fonction des poissons recherchés et de la turbidité de l’eau. Concernant le nylon, une taille comprise entre 16 et 26 centièmes fera l’affaire, là encore à adapter en fonction des conditions.
Nous avons à présent fait le tour du matériel principal pour la pêche de la truite. Néanmoins, vous serez plus à l’aise et efficace dans votre pêche si vous vous équipez correctement de waders, de lunettes polarisantes et d’une bonne épuisette, si possible flottante, afin de conserver vos prises dans l’eau le temps de les décrocher puis de les relâcher dans les meilleures conditions.
Les différents types de leurres et leurs utilisations
La truite se pêche principalement avec trois catégories de leurres : les poissons-nageurs, les cuillères et les leurres souples. Nous allons détailler leurs utilisations principales.
Commençons par le leurre le plus ancien : la cuillère. Bien que relativement délaissée, elle reste un leurre très efficace et très simple d’utilisation. Les cuillères tournantes sont principalement utilisées pour pêcher l’été dans peu d’eau, à dévaler le courant. Pour cela, un moulinet de ratio rapide est particulièrement indispensable. Elles permettent d’attirer l’attention des truites qui se tiennent face au courant pour s’oxygéner. On choisira la couleur en fonction de la couleur de l’eau et du ciel. Dans une eau claire par temps ensoleillé, c’est souvent la couleur noire qui tire son épingle du jeu. Dans une eau moyennement teintée, utilisez des cuillères dorées s’il y a du soleil ou argentées si le ciel est plus bas. Enfin dans des eaux teintées, le cuivre ou les couleurs fluos peuvent s’avérer efficace. Il existe aussi des microspinners, très efficaces sur les truites et dont l’utilisation est très proche de celle des cuillères tournantes. Enfin, il est possible d’utiliser des petits spintails afin d’envoyer les mêmes vibrations qu’une cuillère tournante dans des profondeurs plus importantes car ce type de leurre plonge nettement plus vite.
Les cuillères tournantes ne sont pas les seuls leurres de cette catégorie : la truite peut aussi se pêcher avec des cuillères ondulantes. Plus polyvalentes, elles permettent de pêcher dans des profondeurs plus variées : vous pouvez les utilisez aussi bien dans peu d’eau que dans les fosses. C’est leur gros avantage par rapport à la cuillère tournante. Dans le même esprit, il est aussi possible d’utiliser des metal jigs de taille et de poids adaptés.
Les poissons nageurs sont quant à eux très utilisés à l’heure actuelle. Ce sont des imitations de poissons, souvent munis de bavettes et avec des densités variables. Classiquement, la truite se pêche plutôt avec des poissons nageurs de profil plutôt effilé (cela permet une meilleure tenue dans le courant). Les poissons nageurs coulants sont à privilégier en début de saison : les truites étant calées au fond, ils vont permettre d’atteindre facilement la zone dans laquelle les poissons se nourrissent. Vous pouvez les utiliser de manière très minimaliste, en tenant simplement le leurre dans le courant, afin qu’il nage de lui-même proche du fond. Mais vous pouvez aussi les animer plus sèchement afin de provoquer l’agressivité des truites. Plus la saison va avancer, plus vous utiliserez des leurres suspending voire flottants pour aller chercher les poissons dans des zones de moins en moins profondes et au cœur du courant. Pour cela, des poissons nageurs avec les flancs très plats sont idéals car ils nagent parfaitement malgré le débit. N’oubliez pas d’adapter la taille de vos leurres à la taille des poissons que vous recherchez, sans oubliez qu’il est possible de déclencher le comportement territorial des truites avec des leurres plus gros.
Même si c’est plus rare, il est possible de pêcher la truite avec des crankbaits. Dans des eaux teintées, avec peu de courant (le corps trapu du crank ne lui permet pas de bien tenir le courant), il peut être intéressant de proposer un leurre qui déplace plus d’eau. Pensez donc à vous munir de quelques crankbaits, afin d’être polyvalents.
Concernant les coloris, il vous faudra un panel de cohérent de différents coloris. En effet, la truite possède une très bonne vue et peut s’avérer capricieuse sur certains détails. En général, les coloris vairon ou truitelle sont très bons. Certains coloris plus flashy peuvent aussi s’avérer efficaces dans certaines conditions. Encore une fois, c’est à vous de tester plusieurs couleurs et de sélectionner celles qui vous rapportent le plus de poissons et en lesquelles vous avez le plus confiance.
Enfin, même s’ils clairement sous-utilisés par les pêcheurs, les leurres souples sont de très bons leurres pour pêcher la truite. Notamment en début de saison, ils permettent de vraiment gratter le fond et de faire des longues pauses pour mimer un petit poisson à l’agonie. L’utilisation de montages texans permet aussi d’aller débusquer les poissons dans des zones parfois très encombrées. Par exemple, le One up Shad de Sawamura en taille 2 à 3 pouces est un excellent leurre à truite. On peut aussi citer le Black Minnow de chez Fiiish dans ces plus petites tailles. De plus, l’absence de bille dans les leurres souples permet de présenter un leurre très discret, ce qui peut vous être favorable, notamment sur des poissons méfiants. Vous pouvez aussi utiliser des imitations d’insectes ou de larves, à ajuster en fonction de la nourriture que les truites ont à disposition.
En conclusion, une petite boîte de leurre cohérente avec quelques poissons nageurs, quelques cuillères et quelques leurres souples vous permettra de faire du poisson quelques soient les conditions.
Nous avons à présent vu les grandes lignes de la pêche de la truite aux leurres. Cela devrait vous permettre de débuter cette pêche sereinement. Gardez toujours à l’esprit que le comportement du poisson est influencé par la saison et les conditions météorologiques. La truite est un poisson magnifique, dont la pêche peut s’avérer réellement passionnante mais elle est très fragile. Si vous souhaitez relâcher vos prises, veillez à utiliser de préférence des hameçons simples sans ardillons et à les manipuler le moins possible et dans l’eau. Cela permettra au plus grand nombre de profiter de la pêche de cette superbe espèce qui se pratique en général dans de superbes paysages.
La truite est un poisson magnifique mais fragile. Si vous souhaitez les manipuler dans de bonnes conditions, pensez à vous humidifier les mains.
Article rédigé par Baptiste Portet-Tixidor
Du même auteur retrouvez également “Le spinnerbait, un leurre tout terrain” & “Le crankbait un leurre idéal pour débuter”